Dans notre vie d’entrepreneur.e de tous les jours, lorsque nous devons faire un choix, on a souvent le réflexe de demander à nos proches de nous aider à prendre une décision. Ou bien, lorsqu’on n’est pas très sûr.e de soi, on a tendance à demander son avis à notre entourage. Dans ces deux cas, il s’agit de demander conseils et avis à des personnes qui, nous le pensons, auront la bonne réponse pour nous. Dans cet article, je vais te parler de cette notion de conseils et d’avis dans le cadre de l’entrepreneuriat… Même s’il va sans dire que ces conseils conviennent également pour ta vie de tous les jours ! 🙂

Conseils, avis : quelle différence ?

Tout d’abord, faisons la distinction entre le fait de demander conseil, et le fait de demander l’avis d’autrui. Demander conseil consiste à demander à quelqu’un de nous donner des pistes pour progresser et améliorer l’objet de notre demande. Plus simplement, cela revient à demander à cette personne de nous aider à perfectionner quelque chose grâce à ses conseils, ou à nous guider dans un choix. En revanche, demander l’avis de quelqu’un peut mener à une réponse factuelle de la part de la personne… Par exemple « j’aime parce que », « je n’aime pas parce que », « moi à ta place je ferai ça ».

Cette personne peut alors être tentée de donner d’elle-même des conseils (alors qu’initialement, tu ne voulais peut-être que son avis) : « peut-être que tu devrais plutôt faire comme ça ». Ces conseils seront très subjectifs puisque centrés sur l’avis de la personne à qui l’on a posé la question. Pour résumer, demander conseil revient à chercher des pistes d’amélioration, à éventuellement être conforté.e dans une idée ou dans une autre (par exemple dans un choix à prendre). Alors que demander un avis revient plutôt à savoir si l’objet de la demande plaît ou ne plaît pas, et pourquoi : il s’agit là de connaître l’avis d’une personne, très subjectif. C’est subtil, je te l’accorde. 🙂

Demander conseil : dans quelle limite ?

Demander conseil n’est pas quelque chose de négatif en soi. Néanmoins, lorsque cela est excessif – c’est-à-dire que tu demandes systématiquement conseil à tes proches, par exemple -, cela traduit souvent quelque chose de plus profond. Plus précisément, un besoin et/ou une peur…

Cela est d’autant plus vrai lorsque ta demande de conseil porte sur le fait de choisir entre deux ou plusieurs choses (par exemple : « ce nom pour mon entreprise est-il mieux que celui-ci ? Que me conseilles-tu de choisir ? »). Ce type de demande peut, parfois, traduire le besoin d’être rassuré.e et conforté.e dans l’idée que notre choix intérieur est le bon, ce qui traduit ainsi la peur que l’on a de se tromper.

Prenons l’exemple du graphisme. Imaginons que je crée pour toi trois propositions de logo, et que tu demandes à tous tes proches quelle version ils te conseillent de choisir… En soi, c’est une bonne chose de voir ce qui plairait aux personnes extérieures, et il est vrai que ces personnes te connaissent ! Mais as-tu pensé avant tout à te demander à toi-même quelle version tu préfères ? Vers laquelle ton cœur te guide ? Peut-être qu’au fond de toi il y a une version que tu préfères, même un tout petit peu. Il est toujours mieux de prendre le temps de te poser avec toi-même et d’y réfléchir seul.e en premier lieu, plutôt que de directement demander conseil à autrui. 

De plus, ces « personnes extérieures » font-elles partie de ta cible et comprennent-elles ton univers et ton activité ? Car si ce n’est pas le cas, il est dommage de prendre leurs conseils pour argent comptant et de baser toute ta prise de décision sur ceux-ci.

Qu’en est-il de l’avis des autres ?

Concernant le fait de demander l’avis des autres, cela peut traduire un manque de confiance en soi. Lorsque l’on a systématiquement besoin de faire appel à des personnes extérieures pour qu’elles nous donnent leur avis, et lorsque leur avis nous est plus important que le nôtre voire influence notre avis personnel initial. Pour reprendre l’exemple du graphisme : tu montres le logo que j’ai créé pour toi à tes amis et leur demandes leur avis. Logo qui, je le précise, te plaisait à 100 % et dont tu étais ravie et fière initialement. Tes amis t’indiquent qu’ils n’aiment pas trop car le bleu ressort trop vert, que la courbe de la tige de la fleur donne un aspect trop féminin au logo…

Et te voilà à m’écrire un mail, me demandant de rectifier le logo pour rendre le bleu-vert davantage « bleu », et d’aplanir la courbe de la tige.

Oui mais, là où cela pose souci, c’est que le logo te plaisait parfaitement cinq minutes auparavant… N’est-ce pas dommage de ne pas écouter tes propres goûts et de te laisser influencer par l’avis des autres, simplement pour que le logo plaise à tout le monde ? Il y a une phrase très juste concernant le fait de vouloir plaire aux autres : « c’est en voulant plaire à tout le monde que l’on ne plaît finalement à personne »… Bien entendu, s’il s’agissait d’un détail pertinent que tu n’avais pas remarqué et que tes amis l’ont pointé du doigt, ça peut aussi être une bonne chose. L’on en revient à mon conseil initial : prends le temps de te poser avec toi-même, au calme, avant de demander l’avis d’autres personnes. Ces dernières peuvent élargir tes perspectives, mais tu dois avant tout t’écouter toi et faire confiance à tes propres goûts / idées / sentiments…

Demander : d’accord, mais à qui ?

On en arrive donc au deuxième point principal de mon article. Demander ses conseils ou son avis à Tatie Bernadette est-il réellement judicieux, puisque tu es community manager ? Faire un « sondage » auprès de ta famille, qui a toujours travaillé dans l’administration publique, est-il vraiment pertinent si tu es comportementaliste canin ? Bien souvent, nous croyons bien faire en demandant à notre famille, notre conjoint, nos amis proches, etc. des conseils relatifs à notre profession… Pourtant, cela n’est pas toujours forcément fructueux.

Je pense que, dans le cas où tu bloquerais vraiment sur une décision à prendre, le plus judicieux est de demander conseils et avis aux personnes dans ton secteur d’activité, voire à ta cible de cœur qui est la principale concernée par tes services et par ta communication. Tatie Bernadette ne fera sans doute jamais appel à tes services de community manager – et ne sait peut-être même même pas de quoi il s’agit ! Ou bien, ta famille exerçant dans l’administration publique ne connaît pas assez ton statut de micro-entrepreneur. Elle n’est donc pas la plus à même de te conseiller sur les aspects administratifs… Ou de te donner son avis sur ce statut.

Demander conseils et avis est très pertinent dans le cas où cela te permet de progresser… Et ne l’est pas dans le cas où il s’agit simplement d’être rassuré.e. Si tu as besoin de faire évoluer tes offres, demander conseils et avis à ta cible peut être très intéressant et utile. Si tu as envie de donner un coup de boost à ton identité visuelle, demander conseils et avis à ton/ta graphiste semble également être la meilleure des options.

Et toi, dans tout ça ?

Si tu ressens un besoin compulsif de demander des conseils et des avis afin d’être rassuré.e ou afin de ne pas avoir à faire de choix, c’est, la plupart du temps, du à un manque de confiance en soi. Ou bien un manque de confiance en ton jugement, en tes sentiments ou en tes choix. Cela m’est arrivé à moi-même un nombre incalculable de fois par le passé.

J’avais toujours le sentiment de devoir faire valider mes choix (des plus bêtes comme une photo de profil Facebook, aux plus importants comme l’achat d’un ordinateur) et de demander les avis de tout mon entourage concernant tout ce que je réalisais : famille, amis, chéri… Et leur réponse, bien qu’elle ne me convenait parfois pas en mon fort intérieur – et que je le ressentais ! -, était donc celle que je choisissais pour « correspondre à ce que me disaient les autres parce qu’après tout, s’ils sont autant à le dire, ils doivent avoir raison ! ». Un peu étrange dit comme ça, non ? J’étais totalement dans la négation de mes envies réelles.

Je constate le même phénomène auprès de beaucoup de personnes de mon entourage, ou parfois auprès de personnes plus éloignées. Demander un avis et le laisser à sa place d’avis, c’est-à-dire le prendre en compte sans le laisser influencer notre choix de cœur, est selon moi la bonne façon de procéder. Idem pour les conseils : un conseil est (presque) toujours bon à prendre, mais tu n’es pas obligé.e de l’appliquer et de le suivre coûte que coûte s’il ne te correspond pas ou si tu le juges peu pertinent dans ton cas.

Conte-toi de remercier la personne qui t’a donné son avis ou son conseil. Et si tu n’es pas entièrement en accord avec celui-ci, ne te sens aucunement obligée de l’appliquer – et prends du recul par rapport à celui-ci. Si Tatie Bernadette t’en veut de ne pas appliquer à la lettre ce qu’elle t’a dit, alors peut-être devrais-tu songer à ne pas lui redemander son avis ou ses conseils à l’avenir… Et si elle te les impose sans que tu ne lui en demandes, hoche la tête, et é-cou-te toi !

Fais-toi confiance.